Le Cercle Munster logé au fond du Grund est un lieu élégant et feutré, tout indiqué pour accueillir un Ambassadeur récemment nommé et pour qu’il y fasse part des étapes de sa carrière et de réflexions sur le monde diplomatique.

Voulu ou pas, la remise de ses lettres de créances le 21 septembre dernier avait une dimension intercontinentale. Le Grand-Duc recevait ce jour-là, en plus de l’Ambassadeur de Suisse, LL. EE. les nouveaux Ambassadeurs de la République populaire de Chine, des Émirats Arabes Unis, de la République du Malawi et de la République de Cuba. Belle diversité !

Né dans le canton de Bâle Campagne en 1960, Markus Börlin est titulaire d'une maîtrise en droit de l'Université de Bâle. On le sent attaché à cette région de Bâle, grand centre helvétique en matière de Recherche et Développement et pivot des exportations suisses.

Après quelques années d’apprentissage, il rejoint en 1990 le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et effectue des stages à Berne et à Ottawa.

C’est le début d’une carrière très diversifiée qui va lui permettre d’acquérir des compétences larges et pratiques dans les matières politiques, économiques, diplomatiques et culturelles.

En égrenant les souvenirs accumulés en plus de trente ans de carrière, ce sont aussi les nôtres que l’Ambassadeur ravive !

En 1992, il passe à l'administration centrale où il travaille en tant que chargé de mission diplomatique à la section des affaires culturelles internationales et de l'UNESCO. Il est ensuite affecté à la Division des affaires politiques II en 1995, où il devient responsable pour l'Amérique latine.

En 1997, Markus Börlin est transféré à Nairobi en tant que Premier Secrétaire puis Conseiller. Il est donc un témoin de première ligne des attaques-suicides des Ambassades américaines de Nairobi et de Dar-es-Salam par Al-Qaïda en août 1998. C’est une première occasion de se profiler comme spécialiste de la gestion de crise... Il établit un système de gestion bien utile en cette période troublée : rappelons-nous l’attentat de Deir el-Bahari en novembre 1997 qui a fait 62 victimes dont 36 citoyens suisses, ou la catastrophe du vol Swissair à Halifax en septembre 1998.

Chaque crise demande un peu plus de budget”, commente l’orateur qui invite aussi à ”utiliser les crises de façon constructive”.

Une spécialisation qui se confirme lorsque, en juillet 2000, il est nommé chef de la Gestion des Crises, assumant le titre de ministre, ainsi que chef adjoint de la division des affaires politiques VI (Suisses de l'étranger).

Après avoir été Conseiller à l'ambassade de Suisse à Stockholm de 2004 à 2006, il revient à la Direction de l'administration fédérale comme Chef de la Division politique VI.

Un poste qui l’a vu s’occuper du rapatriement de Suisses lors de la crise tchadienne en 2008, de l’enlèvement de Suisses aux Philippines ou encore des conséquences de la crise politique en Thaïlande. Il faut chaque fois agir vite, répondre à des exigences de plus en plus grandes.

En 2010, changement d’orientation : Markus Börlin est nommé Ambassadeur et Chef de Mission à La Haye, où il est également représentant permanent auprès de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques et vice-président et de l'Assemblée des États parties à la Cour Pénale Internationale.

En septembre 2014, il est nommé Ambassadeur et Représentant permanent de la Suisse auprès du Conseil de l'Europe à Strasbourg, une occasion de prendre en compte les liens historiques entre des régions transfrontalières comme le Jura ou la Savoie. Il y connaît aussi une nouvelle crise, celle que provoque la tentative de coup d’Etat en Turquie en 2016 qui pose bien des questions en matière de démocratie et de respect des Droits de l’Homme.

Cette nomination à Strasbourg est-elle la première étape d’un retour vers Bâle ? Pas vraiment puisque en 2018, l’Ambassadeur Börli part pour New York où il est nommé Consul général de Suisse à New York avec le titre d'Ambassadeur.

Un poste où les “Chats with the Ambassador” - ces interviews, de format court, de responsables économiques par l’Ambassadeur lui-même - ont pour mission de développer les liens commerciaux entre les Etats-Unis et la Suisse.

Certaines sont encore disponibles sur internet.

“La nomination à Luxembourg, c’est une fin de carrière plus près de la Suisse”, conclut l’Ambassadeur Börlin. Une présence qu’on lui souhaite intéressante et agréable.

 

Cocktail d’été

Wednesday 12 June 2024

au Château de la Hulpe

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