Ce n’était pas un G7 que la Chambre a tenu au Cercle Munster, et pourtant l’hôte était de marque ; S.E. l’Ambassadeur Markus Dutly, pour sa première conférence à notre intention, abordait un sujet d’actualité : “L’action de la politique extérieure de la Suisse dans un monde fragmenté”.

Dans ce titre, c’est le mot ”fragmenté” qui interpelle et qui justifie la nécessité de revoir la stratégie de politique étrangère de la Confédération.

N’était-ce pas d’un certain confort que le monde ait été pendant des décennies divisé entre l’Ouest libéral et l’Est communiste, en considérant que, nous, Européens occidentaux, nous nous plaçons au centre du monde ?

La Suisse doit de fait se positionner dans un monde fragmenté et marqué par le retour de la politique de puissance, où les Etats-Unis renoncent à leur tradition de gendarme du monde et où la Chine voudrait redevenir l’Empire du Milieu, comme le mentionne le rapport du groupe de travail “Vision de la politique étrangère de la Suisse à l’horizon 2028”.

Les nombreux défis auxquels fait face aujourd’hui la communauté internationale et se multiplient et se superposent”, souligne l’Ambassadeur M. Dutly.

Des tensions grandissantes s’expriment notamment dans la remise en cause de l’ordre mondial , ce qui se ressent fortement au sein des organisations internationales”. Et l’orateur ajoute  “La disposition à respecter ensemble les règles fixées s’est amenuisée.

On remarquera incidemment que ce qui est vrai des états ...l’est aussi bien souvent des acteurs économiques et des individus.

Le monde fragmenté d’aujourd’hui incite la Suisse à placer le renforcement de la sécurité, chez elle et dans le reste du monde, parmi les thèmes centraux de sa politique extérieure ; parallèlement, la Confédération vise à la recherche d’un meilleur ancrage de la politique extérieure dans la politique intérieure et à la consolidation des relations avec l’UE. Dans ce domaine, Mr. Markus Dutly fait remarquer que l’accord institutionnel avec l’UE ne constitue pas un objectif en soi, mais est plutôt un moyen de consolider et développer efficacement des accords d’accès réciproques au marché, de faciliter le développement futur de la voie bilatérale et enfin de permettre d’Intensifier les relations dans les domaines d’intérêt commun.

Dans les circonstances actuelles, la Suisse reste idéalement placée pour jouer son rôle traditionnel de médiateur entre États”, rappelle l’Ambassadeur. Elle défend depuis 40 ans les intérêts de l’Iran en Égypte et des États-Unis en Iran ; depuis 10 ans ceux de la Russie en Géorgie et vice-versa de la Géorgie en Russie ; depuis l’année dernière se sont ajoutés les intérêts de l’Iran en Arabie saoudite et de l’Arabie saoudite en Iran.

Pour conclure son exposé, M. l’ Ambassadeur M. Dutly fait sienne la remarque de Max Petitpierre, à la tête de la diplomatie suisse de 1945 à 1961, prononcée lors d’une session parlementaire  : “Pour arrêter nos décisions et fixer notre politique, nous ne devons pas adopter comme critère le désir de plaire et d’être approuvés, ou la crainte de déplaire et d’être critiqués, mais chercher les solutions qui, sans compromettre nos intérêts légitimes, nous permettent de collaborer sur le plan international à toute action politique d’une manière compatible avec notre indépendance”.

Puissent toutes les parties prenantes entendre ce message !

Cocktail d’été

Wednesday 12 June 2024

au Château de la Hulpe

...