Déjeuner-conférence: La Suisse et la sécurité européenne :: Chambre de Commerce Suisse pour la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg

Nouvel Ambassadeur de Suisse au Grand-Duché, S.E. M. Benno Laggner aborde un sujet qu’il connaît bien pour avoir représenté la Suisse au Conseil des Gouverneurs de l’AIEA Agence internationale de l'énergie atomique et avoir été son représentant permanent au CTBTO (Commission préparatoire de l’Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires) à Vienne.

Sa constatation aujourd’hui, c’est que la paix est contestée, notamment par le non-respect de traités, ce qui se matérialise dans l’annexion de la Crimée par les Russes en 2014, puis l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022.

C’est une violation consciente des accords des Nations-Unies.

Celle-ci n’est pas sans conséquence sur le comportement de nations qui se sentent menacées. Ainsi la Suède et la Finlande ont rejoint l’Otan.

L'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui vise à renforcer la confiance et la sécurité dans la région en promouvant la coopération et le dialogue entre ses membres, est une plateforme et un lieu de dialogue qui voit son avenir bien incertain et n’arrive plus à remplir son rôle. Bien que rassemblant, en plus des pays européens, les États-Unis et le Canada, ainsi que des États d’Asie centrale.

Dans le même temps, la Russie reçoit le soutien de la Chine et de la Corée du Nord, tandis que l’Inde adopte une position réservée.

Quant à Donald Trump, revenu à la Présidence des États-Unis en janvier 2025, il fait planer des doutes sur ses intentions en ce qui concerne le futur de l’Otan.

Et la Suisse dans ce concert des Nations ?

Elle est profondément européenne, insiste l’Ambassadeur Benno Laggner, qui en cite trois témoignages.

Tout d’abord son soutien à l’Ukraine, dans une optique de paix sur le sol européen, avec un premier budget d’aide à la reconstruction des infrastructures de 1,5 million CHF pour les années 2025-2028. Sans oublier l’aide humanitaire.

Deuxième engagement de la Suisse : sa participation au Partenariat pour la paix (PPP), un programme OTAN de coopération bilatérale entre les pays membres de l'Organisation et les pays partenaires.

Dans ce cadre, la Suisse veille à l’interopérabilité de son armée avec celles des autres membres, notamment en termes d’achat d’armement : matériel, avions F35, systèmes de défense sol-air de longue portée Patriot.

Enfin, pour la troisième fois, après 1996 et 2014, la Suisse assumera la présidence de l’OSCE en 2026. C’est une organisation que l'Ambassadeur Laggner connaît bien pour y avoir été chef adjoint de la délégation chargée des questions de politique de sécurité, au sein de la délégation suisse.

Les États participants de l’organisation ont élu la Suisse dans le cadre d’une procédure tacite. La Suisse assume ses premières fonctions dirigeantes depuis le 1er janvier 2025 : en tant que membre de la troïka, composée des pays assurant la présidence en 2024 (Malte), 2025 (Finlande) et 2026 (Suisse), elle est notamment responsable des relations avec les États méditerranéens.

L’OSCE représente une plateforme importante qui permet à la Suisse de s’engager en faveur de la paix et de la sécurité en Europe et dans le monde. Et cela, en conformité avec ses objectifs de politique extérieure. La Suisse profite de ce forum pour débattre, avec tous les États membres, sur les questions de politique de sécurité et les mesures de maintien de la confiance.

Elle s’efforce de bâtir des ponts entre entités rivales, dans la tradition de ses bons offices et de la promotion du dialogue. Elle défend en outre ses valeurs libérales.

Souhaitons-lui plein succès dans cette mission courageuse et incertaine.