Editorial du Comité CH-UE
La Suisse à la croisée des chemins
Le dossier Suisse-Union européenne n’en finit pas de susciter une discussion passionnée, à tous niveaux.
Une bonne raison l’explique : le Conseil fédéral a, en fin de compte, accepté les accords négociés avec l’UE, les jugeant équilibrés et bénéfiques pour la Suisse. Cela après, la cassure des négociations de 2021 lorsque le projet d’accord-cadre avec l’UE a été purement et simplement abandonné.
Les nouveaux accords, bâtis sur une base différente, mais contentant essentiellement les mêmes matières principales, ont été mis en consultation auprès de tous les milieux intéressés. Le Comité Suisse - Union européenne de la Chambre de Commerce Suisse y contribuera. Ladite consultation se termine le 31 octobre. Suite à quoi, le Conseil fédéral soumettra un message au Parlement qui, à son tour, examinera le nouveau paquet d’accords, début 2026. Un référendum populaire est officiellement prévu dès 2027, mais plus vraisemblablement 2028, après les élections fédérales d’octobre 2027. Ces élections ont lieu tous les quatre ans. Une entrée en vigueur de ces nouveaux accords pourrait donc avoir lieu en 2029.
Des décisions capitales sur le sort de ces accords remarquablement négociés, interviennent à un moment fortuit et hautement délicat, celui d’un choc profond porté à l’ensemble de l’ordre économique mondial. Un événement né aux USA, une république dite souvent sœur de la Suisse, tant leur libéralisme et fédéralisme respectifs souvent se rejoignent.
Il n’est guère possible de prédire aujourd'hui si les plaies du nouvel ordre mondial disparaîtront rapidement. Pour l’instant, les soucis de l’UE et ceux de la Suisse s’accumulent. L’avenir n’est plus véritablement radieux et tous les modèles économiques sont remis en question. Quel remède préconiser pour retrouver la paix d’antan en Suisse ?
Les options sont variées, incertaines, et contradictoires.
Il faut rappeler que dans un pays démocratique, il importe de tenir compte de toutes les opinions et de toutes les options. Une constatation s’impose : la Suisse, celle dont chacun envie la constance et la rigueur, doit maintenant choisir son camp. Parle-t-on d’alternatives viables et lesquelles ? Dans le cas présent, nous sommes plutôt en face d’un dilemme.
Soit, continuer la dure bataille économique avec des alliés, dont certains sont devenus des adversaires, en veillant de préserver une voie suisse unique, en quasi-solitaire pour mieux sortir de l’impasse, comptant sur une solidarité confédérale qui souvent fait ses preuves dans l’adversité. Soit, se rapprocher de ce qui est et demeure un pilier fondamental de la démocratie et une puissance économique incomparable qu’est l’UE. Ceci au moment même où les relations de la Suisse avec l’UE pourraient et devraient prendre un tour encore plus favorable et certainement plus protecteur et rassurant.
Il a été répété à multiples reprises, et c’est là une vérité incontestable : les accords bilatéraux sectoriels ont été décrits comme une « voie royale » pour l’ensemble de l’économie suisse ainsi que la population suisse. L’opposition des milieux anti-européens, certes parfaitement respectables, rend perplexe et traduit un vrai malaise démocratique. On exacerbe inutilement une souveraineté nationale, faisant valoir une série d’arguments courageux mais désuets.
Personne ne demande à ce stade l’adhésion à l’UE ; seul un rapprochement réglementaire, technique, avec l’UE est en discussion. Il s’agit avant tout de stabiliser et d’assurer la prospérité et la sécurité de la Suisse. C’est dans cette voie que le Comité suisse - Union européenne s’engagera. Le débat sera public, vigoureux et, on le souhaite, lucide.
Jean Russotto
Président du Comité Suisse-Union Européenne
